Ou comment nous avons marché sur la lave encore
chaude !
Ce matin là, laissons nos affaires au refuge et partons avec un petit sac qui
contient notre déjeuner, de la crème solaire et de l’eau pour la journée.
Le
temps est parfait...pour l'instant. Une montée rapide, et nous sommes à la
crête. Un sentier bascule à la vertical sur l’enclos Fouquet. A peine passé sur
ce versant nous sommes fouettés par des vents violents qui transportent de
fines gouttelettes d’eau. Nous sommes dans le brouillard et nous ne voyons
presque rien. C’est tout juste si nous apercevons en contrebas le Formica Léo.
Nous
descendons dans le brouillard vers l’enclos Fouquet. Je suis un peu déçue de ne
pas avoir pu profiter d’une vue dégagée à ce moment là. Mais qu’importe, au
retour, en fin de journée une éclaircie aussi soudaine qu’inattendue me permet
de voir enfin une partie de l’enclos Fouquet,
le Formica Léo juste en contrebas et le piton de la fournaise au dernier plan.
Dans
l’enclos, des panneaux mettent en garde les randonneurs. Nous allons marcher
sur un des volcans le plus actif du MONDE ENTIER, comme je me plais à le
rappeler une bonne centaine de fois pendant la journée. Ito fera preuve de
beaucoup de patience puisque comme vous pouvez le constater, il n’a pas profité
de cette journée pour me faire tomber dans le cratère, ou me maintenir la tête
dans les fumeroles de souffre qui s’échappent des failles.
En
conséquence de quoi il est exigé des marcheurs qu’ils suivent le balisage et ne
s’en éloigne sous aucun prétexte. Notamment aux abords du grand cratère. Les
récentes éruptions en ont fragilisés le sommet. Le cratère Dolomieu est
entièrement cerclé par une faille et le sommet menace de se détacher à
n’importe quel moment.
Une
belle éclairçie permet de voir le formica léo que nous avons dépassé avec en
arrière plan la falaise par laquelle nous sommes arrivés.
(Maman,
si tu cliques sur l'image elle s'agrandit, et arrête de poster des commentaires
incompréhensibles!)
Nous suivons donc les
traces de peinture qui nous mènent au pied du piton de la fournaise, dont
le sommet est toujours dans les nuages. Nous entamons l’ascension sur le flan du
volcan sur les laves refroidies. Il n’y a ici absolument aucune végétation.
Si dans l’enclos nous avons pu voir quelques rares mousses, sur les coulées de
lave qui composent les flans du volcan, rien ne pousse.
Plus
nous approchons du sommet plus l’odeur œuf pourri du souffre est intense. Juste
à l’endroit de notre arrivé au sommet, le sentier passe à trois pas à peine du
bord du cratère Bory. Je franchi les quelques mètres qui me sépare du bord pour
me pencher au dessus du gouffre. J’ai beau ne pas avoir le vertige, la paroi
intérieure est totalement à pic et la profondeur est impressionnante. Je
constate que la paroi sur laquelle je me penche est relativement fine et je
décide de ne pas rester là plus longtemps.
Toujours
dans le brouillard. Nous décidons de contourner les cratères par le nord. Peu
de temps après avoir pris la direction de la soufrière annoncé à 30 minutes,
des vents extrêmement violents accompagnées de pluies abondantes ralentissent
notre progression. Ito me somme de rebrousser chemin. Il considère qu’il serait
trop dangereux de continuer dans de telles conditions. De mon coté sachant le
temps changeant et espérant une amélioration, je propose de continuer au moins
jusqu'à la soufrière plutôt que d’abandonner si près du but. De plus,
contrairement à la majorité des personnes que nous avons croisé depuis le
matin, nous sommes équipés pour la haute montagne et le temps si il n’empire pas
trop, peut rendre notre marche inconfortable. Sans donc lui demander
son avis, je continue. Il a peur de me laisser seule et que quelque chose
m'arrive, il me suit à contrecoeur. Je vois qu’il est très fâché, et ça m’amuse
beaucoup de n’en faire qu’à ma tête.
20
minutes à peine et nous sommes à la soufrière ou nous nous arrêtons pour
déjeuner., Il n’y a plus aucun touriste, le temps a eu raison d’eux. Notre
pause déjeuné est assez rapide nous sommes au bord du cratère nous avons pu
voir les failles qui l’entoure, le paysage est réellement hostile. Cela lui
donne un charme particulier, mais il n’empêche que nous ne prenons pas le temps
de faire une sieste et aussitôt le bout de saucisson terminé nous reprenons
notre périple. Nous sommes toujours plus ou moins dans le brouillard, mais le
vent est complètement tombé et il ne pleut plus. La partie suivante n’est pas
accessible aux randonneurs en période de pré-alerte puisqu’il s’agit du coté du
volcan par lequel s’échappe les coulés de laves lors des éruptions. Le sentier a
été réouvert il y a 6 jours seulement. La dernière éruption datant de moins
d’un mois les laves ne sont pas encore totalement refroidies et le sentier a
été retracé par endroit afin de nous permettre de les traverser avec un maximum
de sécurité.
Le tour
est plus long que ce que nous pensions, certainement l'instabilité des lieux nous
incite à rester ici le moins longtemps possible. Pourtant le paysage est
étonnant, je n’ai jamais rien vu de tel, et nous nous félicitons d’avoir
finalement décidé de faire le tour du grand cratère Dolomieu.
Retour
au cratère Bory. Nous re-descendons le flan du volcan et je ne cesse de dire à
Ito à quel point il est dommage que nous n’ayons pu faire le tour sans
brouillard. Le sentier passe à moins de 5 mètres, par endroits, du bord du cratère
et je suis persuadée qu'une vue dégagée nous aurait permis de voir
en partie l’intérieur du cratère et bla bla et bla bla. Lui qui est espagnol (entre autre) afirme que les français passent leur temps à se plaindre. C’est donc avec un
plaisir non dissimulé que mon cher Ito me dit au moment ou nous arrivons dans
l’enclos au pied du volcan « retourne toi tu vas être dégoûtée ». Plus un
nuage, totalement dégagé ! JE SUIS ECOEUREE ! POURQQUUUUUUUUUOIIIIIIIII !???!
Le retour en fin d’après midi se fait par le même
sentier que celui emprunté à l’allé, mais sous le soleil cette fois-çi. Nous
sommes très contents de ce premier volcan. Et oui, à la fin de cette journée je
sais que ce volcan est le premier d’une longue série. J’ai déjà fait
l’Auvergne, alors direction les Eoliennes !